15 jeunes demandent une démocratie plus ouverte à Hollande

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Mercredi 23 janvier, François Hollande remettait ses voeux à la jeunesse.

Comme le “Top-Down” fait un peu trop 2012 et qu’on est maintenant en 2013, un peu de “Bottom-Up” s’est invité dans cette remise de voeux : 15 jeunes des 4 coins de la France ont planché pour remettre eux aussi des voeux au Président. La préparation des voeux s’est déroulée sur un WE, animé de main de maître par Martin Hirsch et Isabelle Giordano.

Etant parmi ces “jeunes”, j’ai eu l’occasion de m’apercevoir que les attentes en terme d’ouverture, de transparence et de collaboratif sont récurentes dans cette génération.

J’ai aussi profité de mes rencontres avec François Hollande pour lui parler du collectif Démocratie Ouverte, de l’Open Governement Partnership dans lequel il serait bon que la France s’engage …et pour lui remettre tout un dossier sur Parlement & Citoyens, ce service qui permet à chacun de participer à l’élaboration de certaines lois (lancé le 13 février 2013).

Après une séance de travail avec François Hollande, nous avons précisé 15 voeux que nous avons chacun pu énoncer publiquement à Grenoble, avant le discours du Président.

Parmi des propositions sur l’emploi, l’éducation, l’orientation, la police ou encore le développement durable, certains voeux concernaient directement une demande d’ouverture, de participation ou de transparence. Morceaux choisis :


L’exclusion de la vie politique et des décisions

Monsieur le Président,

Nous constatons que nous avons beaucoup d’envies, beaucoup d’énergie, beaucoup d’idées pour améliorer les choses. Mais nous constatons également que nous sommes exclus des politiques locales et nationales où nous pourrions les proposer ou les concrétiser par nous-mêmes au lieu d’attendre qu’un élu, qu’un ministre, le fasse pour” nous.

Nous rêvons d’avoir une place dans les mairies, dans les conseils régionaux, dans les institutions publiques où nous aurions un pouvoir exécutif et non pas seulement un rôle consultatif. Arrêter de nous faire venir quelque part “parce que ça fait bien”. Arrêter de nous prendre pour des idiots immatures incapables de réfléchir à des solutions. Parce que nous sommes capables nous aussi de construire des solutions. Nous souhaitons être associés aux décisions qui nous concernent directement. Nous rêvons d’une société qui ne fasse plus « pour », mais « avec » les jeunes.

Nous proposons donc que les mairies et les conseils régionaux accueillent un quota de jeunes par le biais des services civiques ou des associations. Et peut-être que les listes électorales pourraient avoir un quota de jeunes élus, comme pour la parité ?

La transparence

Monsieur le Président,

Nous constatons que beaucoup de citoyens et en particulier les jeunes ont du mal à accéder à la bonne information au bon moment et au bon endroit. Nous nous retrouvons souvent face à un mille-feuilles administratif, que ce soit dans les domaines de l’orientation, de la santé, de l’entreprenariat, de la justice, des aides au logement … ou tout simplement de l’engagement.

Nous rêvons d’une société et de services publics plus transparents, facilement accessibles, avec un accompagnement gradué et une véritable pédagogie, surtout lorsque c’est la première fois qu’on se retrouve face à un de ces services publics !

Nous proposons de généraliser la publication de l’ensemble des données du service public sur des plateformes web, dans des formats ouverts qui permettent la réutilisation de ces données.

Par exemple, si l’ensemble des associations mutualisaient leurs besoins et leurs projets sur ce type de plateforme, on pourrait facilement créer des applications favorisant l’engagement temporaire ou permanent dans ces associations.

Au delà de l’ouverture des données publiques, nous proposons de créer des lieux destinés à guider l’engagement, à l’accompagner, à mettre en relation les porteurs de projets et toutes les bonnes volontés prêtes à aider.

Une démocratie ouverte

Monsieur le Président,

Nous constatons que la politique ne fait vraiment pas rêver les jeunes, et pourtant nous ne demandons qu’à nous engager. Pour la planète, pour les autres, contre la pauvreté et la misère, pour le respect des droits humains… Alors qu’aucun de nous n’est engagé dans un parti politique, nous sommes presque tous engagés dans des associations !

La démocratie va mal telle qu’elle existe aujourd’hui. Beaucoup de jeunes ne se déplacent même plus pour aller voter. Et un nombre trop grand de citoyens votent sans conviction et n’ont aucun espoir sur les possibilités des politiciens à réellement changer les choses.

Nous rêvons qu’une démocratie ouverte soit mise en oeuvre. C’est-à-dire transparente, participative et collaborative. Nous voulons que les citoyens, jeunes et moins jeunes, puissent y prendre part autrement qu’en votant une fois tous les cinq ans.

Nous sommes une génération connectée … et le numérique ouvre en grand les portes du collaboratif, pour prendre des décisions de manière plus partagée mais aussi pour impliquer les citoyens qui le veulent dans la mise en œuvre de politiques publiques plus efficaces. Une démocratie ouverte serait une formidable source d’efficacité, de création d’activités et de vivre ensemble.

Nous proposons que vous mettiez en place à l’échelle nationale une démocratie ouverte, tout comme à l’échelle locale il existe des villes qui expérimentent la transparence et la participation. A Bobigny par exemple, la mairie offre régulièrement l’opportunité de participer à l’élaboration de sa politique publique et l’occasion de remonter les informations, qu’elles soient positives ou négatives.

Nous vous proposons de faire “avec” les citoyens, et non plus seulement “pour” eux.

Nous vous proposons d’ouvrir des débats publics et des consultations sur des plateformes web avant toute grande réforme. L’ensemble des sources, avis, expertises, idées et propositions pourraient être disponibles et centralisées sur ces plateformes.

L’Europe

Monsieur le Président,

Nous constatons que les différents pays européens se livrent parfois une concurrence acharnée qui nuit à chacun plutôt qu’elle ne profite à tous.

Nous constatons aussi que l’Europe nous parait lointaine, inaccessible, technocratique.

Nous rêvons de nous sentir européens au moins autant que nous nous sentons français. Il s’agit bien sûr de culture européenne partagée …mais de manière opérationnelle, nous formulons le vœux d’une Europe plus solidaire, harmonisée fiscalement, qui puisse parler d’une seule voix dans le monde, qui ait une armée propre, une justice …mais surtout une démocratie ouverte et partagée.

Nous sommes une génération habituée à voyager. Erasmus nous a permis d’étudier dans tous les pays européens. Internet fait tomber les frontières et nous partageons déjà beaucoup avec nos voisins.

Nous pensons que nous sommes prêts à faire le pas. Nous sommes prêts à avoir un passeport européen, un président élu qui mène dans certains domaines une politique unique et assumée collectivement.

Nous proposons qu’en tant que président d’un pays central et fondateur de l’Europe, vous initiez un débat européenne autour de ces questions. Nous proposons de participer à cette réflexion sur une démocratie ouverte à l’échelle européenne, plus proche des citoyens, plus transparente et collaborative.

 


Enfin, après avoir écouté nos voeux, le Président a fait un discours que vous pouvez retrouver en vidéo ci-après :

>>> Publié par Armel Le Coz le 29 janvier 2013

>>> Source sur : http://democratieouverte.org/voeux

>>> http://www.elysee.fr/chronologie/#e2340,2013-01-23,v-ux-a-la-jeunesse-a-grenoble