CHAPITRE TROIS
Opération Exodus
La ville était à feu et à sang, ça canardait de partout. Je me trouvais près des ruines de mon immeuble avec d’autres personnes tout autant apeurées que moi, quand soudain est arrivé du coin de la rue au travers d’un mur de flammes un drôle d’engin qui flottait à un mètre du sol. L’arrière du TT-11 c’est ouvert et deux hommes armés jusqu’aux dents sont descendu et nous ont dit de les suivre. Alors nous avons obéi. Le véhicule était déjà presque plein quand nous sommes montés. Peu de temps après avoir décollé, j’ai vu exploser ma ville natale sous les bombes ennemies par le hublot arrière. Ces inconnus venaient de nous sauver la vie.
Xavier Wilson
– 5 –
Janvier 2180:
Aussitôt dégagé des décombres par l’équipe de secours, je fus transporté au bloc opératoire de toute urgence en moins de deux minutes.
– Christine, quels sont les résultats préliminaires ?
– Voilà Docteur Yzembar. Ses jambes ne sont pas belles à voire, c’est de la vraie bouillie. Et brûlure au deuxième degré sur la partie inférieure du corps.
– Je sais, il va falloir amputer proprement au niveau des genoux, mais espérons qu’il ressorte du coma rapidement. Peut être même qu’il va devoir séjourner quelque temps dans une cuve de régénération et d’isolement. Il parait que cela durera un mois d’après l’Amiral, je me demande comment il peut le savoir.
Et pendant l’opération…
– Qu’est-ce qui se passe! Mes yeux me jouent des tours ?
– Non Victor, je vois, ou plutôt je ne vois pas la même chose que vous. On dirait que notre patient devient invisible, c’est invraisemblable ! Jamais vu ça !
– Bon, il faut que l’on termine au plus vite de cautériser, ou il va perdre tout son sang. C’est presque fini, encore trente secondes. Aline et Séverine, vous le mettrez dans la cuve dès que nous en auront terminé avec cette opération.
Février 2180:
Quand j’ai enfin rouvert les yeux, je me sentais plutôt bizarre. Je me trouvais dans une cuve sphérique transparente de deux mètres de diamètre remplie d’un liquide bleuté que je respirais et qui imbibait tous les pores de ma peau, toutes mes cellules. J’avais également un terrible mal de tête. Je me regardais et vis que j’étais nu comme un vers devant une belle jeune infirmière nommée Christine Dupont, célibataire, vint cinq ans et qui me trouve beau, qui pensait beaucoup à moi et qui prévint un certain docteur Victor Yzembar de mon réveil. Mais comment je sais tout ça ! Quand je me rendis compte que je n’avais plus de jambes à partir des genoux, cela me fit un choc. Je ne vis plus le reste de mon corps tout d’un coup, et pris de terreur je voulu fuir de cette cuve, et m’évanouis.
On me retrouva quelques instants plus tard inconscient, par terre dans le couloir devant la porte fermée de la pièce dans laquelle se trouvait la cuve. Je me réveilla de nouveau près d’une heure plus tard, de nouveau dans la cuve, mais bourré de calmants. Le mal de tête était un peu moins violent. Je me rendis compte qu’il s’agissait du flux des pensées des personnes se trouvant près de mois, non, plus que cela, de toutes les personnes vivant dans la base principale située actuellement dans le nuage d’Oort depuis près d’un mois, soit environs cinq cent individus, venant tous du XXIIème siècle. Je savais tout cela en lisant dans les cerveaux au hasard, sans que quiquonque ne s’en rende compte. Je me souvins alors des conseils et techniques apprises par les ummites que j’avais rencontrés quelques années au paravent sur le techniques de la télépathie, et fit taire ce bruit dans ma tête. Puis je chercha à contacter mentalement Claude Dolq, mon moi du futur. Il me reçu dans son esprit très clairement:
– Tu avais raison, vieux frère, ça marche, mais je me sent vraiment drôle. Comment a tu fais pour t’y habituer ?
– Je me suis demandé quelques conseils de la même manière que tu le fais actuellement. Tu verras, dans quelques semaines, tu n’y penseras plus, ça te seras aussi naturel que de respirer, mais il ne faut pas abuser de tes pouvoirs, car ils te font consommer beaucoup d’énergie. Pas plus de deux permutations et deux heure de télépathie ou de télékinésie par jours, sinon, il te faudra avaler des pilules ou des cubes de gelée énergétiques.
– OK, merci, j’y penserais, mais dis moi, c’est quoi une permutation, ah oui, ça me revient, c’est quand on passe d’un état à un autre: je peux donc devenir soit invisible, soit fantôme, soit les deux à la fois, et redevenir normal, mais bien sûr, pas les vêtements que je porterais.
– C’est ça, allez, à tout de suite, j’arrive pour ne pas trop te fatiguer.
C’est vrai que c’est fatigant, mais c’est super.
Je passa encore deux mois dans la cuve, avec à ma disposition le système intégré de communication avec le reste de la station spatiale afin de prendre connaissance de l’actualité de ces derniers mois, ce fut moins fatigant que par télépathie.
Le mois suivants, je sortis enfin de la cuve et put me promener en fauteuil roulant dans l’hospital et travailler mes pouvoirs afin de bien les maîtriser.
Au mois de mai et juin, je suivis une rééducation, avec des prothèses bioélectroniques, ce ne fut pas facile les premiers temps, mais en juillet je gambadais comme un fou à travers toute la station et j’avais récupéré 200% de mes capacités d’avant l’accident. Enfin, je suis devenu une sorte de surhomme, une sorte de demi Dieu, mais ça n’a pas été tous les jours facile à assumer au début, maintenant, je vais mieux et je n’y pense plus, je suis arrivé à m’y faire. Il existe cinq autres personnes mutantes dans la station, mais il est vraie qu’à moi seul, je les égales tous, enfin. Parfois, ça me gêne d’avoir ces pouvoirs, mais je dois avouer que la plupart d’entre eux sont très utiles en certaines occasions.
Les premiers temps, je m’amusais avec ses étranges capacités à embêter mes amis ou à les espionner en cachette dans leur vie privée, parfois même, c’était indécent, j’étais comme un petit gamin devant un nouveau jouet. Mais il me fallait faire attention, car cela pouvait être dangereux pour ma santé, car usant de mes nouveaux pouvoirs, je consommais beaucoup d’énergie et devenait très fatigué: si je me trouvait trop épuisé à l’état de “fantôme”, il n’y avait aucun moyen de me recharger en calories, car je ne pouvais rien manger. Et si je me rematérialise dans un objet, ou quoique se soit d’autre, notamment avant de me réveiller après un sommeil réparateur et régénérant, cela peut s’avérer très dangereux. Une fois, il s’en est fallu d’un cheveux, ça m’a servi de leçon. Je me suis très vite calmé ensuite, j’ai trente ans tout de même.