C’est une nouvelle qui risque de faire beaucoup de bruit, comme un jeudi noir pour le web. Malgré une opposition farouche de l’Electronic Frontier Foundation, de la Free Software Foundation, et à contrepied d’une pétition qui n’aura toutefois recueilli que 25.700 signatures, le W3C vient d’accepter de standardiser le système Encrypted Media Extensions (EME) dans ses travaux. En partie créé par Microsoft ce nouveau et futur standard répond aux besoins des grandes Majors qui ont investi le W3C, il y 3 ans. Une entrée remarquée qui semble aussi prendre le contre-pied du web libre et ouvert, créé par Tim Berners-Lee.
Le mécanisme Encrypted Media Extensions ou EME, pour les intimes, est un système en cours de standardisation qui sera donc intégré directement aux racines du web. Il agît comme une passerelle autorisant l’appel de plugins propriétaires. Ce mécanisme ne chiffre donc pas les données et ne se comporte alors pas véritablement comme un DRM. Ce sont les plugins déployés par les ayants-droit qui serviront de DRM, comme Flash et Silverlight actuellement. Voilà donc un moyen pour les ayants-droit de préparer leur propres DRM propriétaires et standardisés là où les technologies précédentes les faisaient dépendre de sociétés tierces, comme celles d’Adobe et de Microsoft. Au final, l’EME n’est pour le moment qu’un intermédiaire qui ouvre les portes de la bergerie aux loups. Le Directeur Général du World Wide Web Consortium, Jeff Jaffe, explique donc logiquement que ces plugins créés par les Majors remplaceront Flash et Silverlight, des technologies propriétaires qui ne sont pas facilement compatibles avec les mobiles et les logiciels libres. Il ajoute que le web doit pouvoir aujourd’hui accueillir tous les contenus, même ceux protégés dans un but de restriction d’usages et de lectures. Pas sûr qu’on gagne beaucoup à l’échange mais cette standardisation devrait surtout apporter une nouvelle interopérabilité, afin de permettre aux contenus copyrightés d’être lisibles sur plus de systèmes. Rappelons que le W3C est géré en grande partie par les entreprises du Web. Déjà mis en place par la manière forte par Netflix et Google via son navigateur Chrome, l’EME devrait donc se répandre désormais sur tous les navigateurs. Netflix se positionne donc en acteur de poids. Mais les majors qui doivent être heureuses de l’implémentation de ce mécanisme veulent toujours plus de contrôle. Pour rappel, elles ont fait enlever près de 2000 titres du catalogue de Netflix. Avec l’arrivée de l’EME, elles s’ouvrent donc les portes de leur propre Hollyweb.
Un avenir sombre pour les logiciels libres ?
Il reste que ces plugins seront sûrement crackés à leur tour, et c’est bien là le problème, car c’est un cercle vicieux qui engendrera toujours plus de codes propriétaires pour protéger les navigateurs des pirates. Chrome n’est pas ouvert, comme l’est son pendant libre Chromium, et ces protections seront facilement implémentées dedans. Mais Quid des navigateurs libres comme Firefox – ou donc Chromium ? Devront-ils encapsuler des technologies de protections propriétaires et perdre le statut de logiciels libres pour assouvir les besoins d’Hollywood ? C’est un risque qui paraît de plus en plus réel. Rappelons quand même et en passant, les priorités : ce n’est pas le web qui a besoin d’Hollywood, mais Hollywood qui a besoin du web pour survivre. Ce n’est donc pas au web de s’adapter. Si le web (et par extension Internet) a le succès qu’on lui connaît aujourd’hui, c’est uniquement parce qu’il a été libre et ouvert dès le début.
Ils dénoncent
>>> Source sur : http://neosting.net/actualite/w3c-standard-eme.html